Retrouvailles mentor et création. [PV: Tahu]

L'exil commençait véritablement. Il était enfin sortit des grottes qui l'avait hébergé depuis son apparition sous cette terre. Cette boule de lumière dans le ciel, le soleil comme ils l'appelaient, n'était pas si chaud qu'ils prétendaient. Au contraire, cette désagréable sensation qui engourdissait le matoran allait finir par le geler sur place s'il ne se décidait pas à bouger.

Kodan inspira profondément, et reprit sa marche contre le vent, après avoir salué son guide nain.
Il y avait plus agréable comme découverte d'un monde. Ca aurait été préférable dans un lieu sec et chaud. Ou sombre et moite. Mais sec et froid... C'était comme un enfer. Mais il fallait tout de même continuer son chemin, et descendre toujours plus bas le long du flanc de la montagne. La température serait plus agréable, et se nourrir serait plus simple d'après le peu qu'il connaissait de cet endroit.

Le Nakuita marcha pendant plusieurs jours, sans croiser personne. Sa seule compagnie n'était autre que sa curiosité qui le poussait toujours à poser un pied devant l'autre. Il passait la nuit dans des abris de neige coupant le vent, et mangeant le peu qu'il avait sur lui.
Enfin il atteignit une hauteur qui n'était pas intégralement couverte de neige. Il alla découvrir ce qui pouvait exister sous cette fameuse neige. Faisant attention à ne pas glisser dans un ravin ou sur une ces caillasses pointues, Kodan réussit à atteindre une pierre qui semblait moins dangereuse que les autres. Elle semblait stable et n'offrait pas le risque de se blesser sur une de ces échardes de pierre. Il posa son sac à côté de lui et s'assit en tailleur. Il tapa sur ce qui lui servait de siège rudimentaire, écoutant la résonance. Celle-ci était nulle. La roche était donc pleine, une bonne nouvelle. Peut-être pouvait-elle être taillée pour un objet du quotidien ou une arme. Qui sait?

Se laissant porter dans ses pensées et à l'admiration du paysage, il entendit un bruit approchant peu à peu. Des pas. Puisse cela être un humanoïde sans volonté agressive. Lorsque le bruit fut proche, Kodan se releva et s'empara de son marteau de forgeron. Il n'était pas le meilleur combattant, loin de là, mais c'était mieux que rien pour se défendre.
Se tournant vers ce premier contact de vie qu'il espérait intelligente, il ne put voir qu'une silhouette qui lui semblait familière. Pourtant, les nains étaient plus petits, et aucun Toa ne s'aventurerait ici. Il nageait dans l'incompréhension et n'appréçiait pas le moins du monde. Il resserra son étreinte sur son marteau et le leva au dessus de sa tête, comme s'il voulait l'abattre.

"Wo los het? Qui va là?"

Puisse la réponse être sympathique, ainsi que l'individu qui l'apporterait.

« Du calme mon petit, tu n'oserais pas lever ton arme contre un enfant de Mata Nui j'espère ? Et encore moins contre ton créateur. Allez, pose moi cela avant de te blesser. »

Tahu s'avança d'un pas assuré et vint à la rencontre du jeune matoran, sa première création. Celui-ci était comme dans ses souvenirs, à l'exception de son équipement qui montrait bien quelle voie il avait suivie : celle du forgeron. Tahu repensa quelques instants aux quelques moments passés en compagnie de sa création, avant de la voir partir sous la tutelle du forgeron. Ceux-ci avaient sûrement passés de meilleurs moments ensemble, car Tahu n'avait pas de souvenir de bon moment passé avec le matoran. Il s'était peut-être trop cantonné à son rôle d'instructeur pour négliger celui d'ami ou de confident.

Quoiqu'il en soit, le grand Toa s'installa à côté du matoran, et le fixa d'un regard bienfaiteur. Il s'attendait peut-être à une réponse ou une réaction de la part de son interlocuteur, mais rien ne se passa. Ils se fixèrent l'un l'autre pendant un moment, puis le Toa se releva de toute sa grandeur, inspectant ou s'émerveillant à la vue du décor. Autour d'eux, de la belle neige blanche, fine ou épaisse dépendant de l'endroit, lisse et sans fioriture. Une telle création semblait être faite par un dieu ou par un saint, et Tahu fut conquis par ce qu'il voyait. Il se baissa et tendit la main pour ramasser un peu de cette matière, mais le contact lui fit l'effet d'une douche froide : c'était presque intangible et froid. Un instant après avoir attrapé une poignée de neige, il ne restait dans sa main que de l'eau froide.

Il secoua la tête et s'essuya la main. Il fallait dire qu'ayant vécu toute sa vie sous terre, il n'avait pas connu toutes ces merveilles, mais il 'avait quasiment jamais connu le froid. D'ailleurs, un petit vent frais le frappa de plein fouet, et le Toa commença à se raidir. Il venait de découvrir qu'il n'appréciait pas tellement le froid. Peut-être trop habitué à la chaleur de leur ville souterraine, il préférait néanmoins le contact du soleil contre sa peau métallique. Heureusement, un peu plus loin en contrebas, il aperçut de la verdure, des grandes cimes qui portaient divers noms savants, mais qu'on appelait généralement « arbres ». La neige disparaissait petit à petit que le niveau descendait, et Tahu compris qu'il devait y faire plus chaud là-bas.

Il se retourna vers le petit nakuita : « J'ai entendu parler de ton exil, suite à cet … incident. Mais quoique tu ais fait, sache que Mata Nui continue de veiller sur toi et qu'il te pardonnera lui. Maintenant que tu es dehors, que comptes-tu faire ? As-tu une idée ? Tu pourrais, si tu n'as rien à faire, venir avec moi, comme en souvenir de tes premières années dans ce monde en ma compagnie. Cela te semblerait intéressant ? »

"Par Mata Nui! C'est toi mindopah! Toutes mes excuses Tahu!"

Le matoran posa un genou à terre, et posa également la tête de son marteau sur le sol, s'inclinant devant celui à qui il devait sa vie. Il avait conservé des signes de respect presque trop cérémonieux envers son mentor.
Il resta quelques secondes dans cette position, puis se releva, replaçant le marteau à sa ceinture.

"Moi, me blesser? Tu plaisantes! Je ne suis pas un toa, car ma vocation n'est pas là. Mais je sais tout de même utiliser mon outil de travail après ces quelques années. Et pour tout te dire, Jaller a été content quand j'ai quitté son atelier pour ouvrir le mien. Il trouvait que je posais trop de questions. Que j'en étais insupportable. Je ne comprends pas ceux qui ne s'intéressent pas à leur profession."

S'en suivit quelques secondes sans que l'un ou l'autre ne prononce le moindre mot, ne fasse le moindre geste. Comme si chacun tentait de savoir si l'autre avait réellement changé.
Après cet échange infructueux, le toa se leva et prit de la neige dans sa main. N'en avait-il jamais vu? Kodan commençait à en avoir marre de cette neige. Le froid était trop présent bien que pas encore handicapant. Et surtout, leur peau métallique conservait aussi bien le froid que la chaleur. Un enfer dans un lieu inapproprié.

Après s'être essuyé la main, Tahu regarda sa création et lui posa de nombreuses questions d'un coup. A croire que le matoran avait reçu une partie de son créateur dans son visage, anciennement masque. Il fronça ses sourcils métalliques, avant de répondre.

"Je ne pensais pas à mal, mentor. Je ne voulais rien de plus que percer le mystère du protodermis, pour pouvoir le forger. J'aurais rendu ce corps au lac. Puisse l'esprit divin me comprendre."

Il laissa échapper un soupir, avant de reprendre, ne sachant ce qu'il devait faire.

"Je... Commencerai par finir de descendre cette montagne. Il y fait froid ici. Ensuite je ne sais pas trop. J'espère trouver un endroit au paysage charmant, et ayant besoin d'un forgeron compétent. Après tout, je ne sais faire que ça. Une bibliothèque serait la bienvenue également. A moins que je ne puisse découvrir la vie à l'entour par moi-même. Tu es déjà venu ici, en surface? Les paysages sont plus variés que chez nous, rien que dans cette montagne."

Kodan se releva, et vérifia, par réflexe, que tous ces instruments étaient présents. Ce qui était le cas. Il récupéra son sac, et regarda dedans. Il ne restait plus grand chose à manger. Mis à part sa petite enclume, et ça ne le tentait guère. Qui voudrait manger en quelques bouchées plus de fer que le corps avait besoin en une vie? De plus, qui avait les mâchoires assez solide?

"Je suis partant pour te suivre. Ca nous rappellera les premières années de ma vie. En parlant de ça... Peux-tu me dire comment on fait pour donner... naissance à un matoran? Ca pourrait m'aider à comprendre le protodermis. Et comment va Hahli? Toujours aussi charmante? J'ai entendu dire qu'elle était dans l'une des équipes de Kohli de la ville. C'est vrai qu'elle nous représentera au prochain match?"

Puisse le mentor ne pas avoir perdu souvenir de la patience dont il fallait faire preuve en présence de ce matoran aux couleurs ternes. Sinon, leurs chemins allaient vite se séparer.
Kodan jeta son sac sur son épaule, et fit quelques pas avant de se retourner. Il était prêt à reprendre la route, et attendit à présent son créateur.

Tahu, voyant que son ancien disciple était prêt à partir, s'avança et se mit en marche. Un toa et un matoran marchant côte à côte, cela avait quelque chose de risible. Bon, Tahu n'était pas arrogant au vu de sa forme de Toa, m'enfin la différence de taille, de gabarit et la manière de marcher dans la neige des deux personnes étaient totalement différentes. Heureusement, la neige ne semblait pas trop épaisse, sinon le matoran aurait fini avec de la neige lui arrivant rapidement au niveau du visage … En espérant qu'il ne tombe pas dans un trou au passage.

« Tu sais, je n'ai pas appris les détails de la raison de ton exil, mais cela m'importe peu. Certes, tu as transgressé les règles, mais ton but était noble. De plus, tant que tu n'as aucun regret dans ce que tu entreprends, alors je n'ai aucune raison de m'en faire. Mata Nui nous a créé et il est vrai que certains secrets sont très tentants à connaître. Mais si tu veux que je t'enseigne comment l'on fait naître un matoran, il faudra patienter quelque peu. Tu le sauras en temps voulu. »

Pendant qu'ils descendaient la pente, Tahu remarqua que l'air commençait lentement à se réchauffer, le paysage à légèrement se transformer, la neige se faisant moins dense. Il jeta un coup d’œil en arrière, se demandant s'il arriverait de lui-même à retrouver le passage le menant à sa ville natale. Qu'importe, Mata Nui le mènerait là où il devrait aller. Et puis, avant de penser au futur, il devait penser au présent.

« Il est vrai que de marcher en ta compagnie est une chose qui me rappelle des souvenirs. Le temps passe vite il faut dire. Dis moi, en parlant de Hahli, tu as entretenu des relations avec tes congénères ? Par là, je parle des quatre autres matoran que j'ai fait naître. Moi de mon côté, Hahli et  Hulak sont parfois venus me rendre visite, mais cela doit remonter à quelques années. Tu sais, ils avaient l'air assez occupés dans ce qu'ils faisaient, leur visite ressemblait plus à de la courtoisie que de la réelle envie de prendre des nouvelles. Mais cela ne m'a pas dérangé, car le simple fait de les revoir m'a redonné du baume au cœur. »

Tahu s'arrêta là où la neige disparaissait au profit de la terre, afin d'observer la limite fragile entre deux "mondes". Un côté froid, un côté chaud, tout cela était surprenant à ses yeux. Il leva les bras au ciel et pendant plusieurs minutes remercia Mata Nui. Oui, c'était ce que faisait un prêtre nakuita, et Tahu n'en était pas exclu. Son compagnon matoran dû patienter jusqu'à ce qu'il ait fini.

« Je compte partir en pèlerinage dans les différentes villes de ce monde afin d'y apporter la foi de notre nation. Tu pourras t'arrêter dans la première ville que nous rencontrerons si tu le souhaites, je n'y verrais aucun manque de respect de ce côté. Tu préfères les forges et moi les temples, et malgré cela nous nous ressemblons. On m'a dit que notre première création était celle qui ressemblait le plus à son créateur … On dirait que ce n'est pas totalement faux. Quoiqu'il en soit, si tu as besoin de mon aide, tu sais que je suis là. En tant que créateur, en tant que prêtre et en tant que soigneur. Ah, et en tant qu'ami aussi. »

Le Toa fronça les yeux quand il sembla distinguer au loin une fumée s'élevant dans les airs. Cela provenait-il d'un feu de camp ? Était-ce du simple brouillard ? Tahu en fit la remarque à Kodan, attendant de voir comment il réagirait, et s'il avait une idée sur ce que c'était.

Le matoran n'eut pas le temps de répondre à son mentor, aussi bien pour son exil que pour les visites des autres que ce dernier se mit à louer Mata Nui pour son oeuvre sur cette terre. Kodan s'assit donc en levant les yeux au ciel, attendant qu'il finisse. Et il pouvait y avoir pour longtemps. En attendant il se remémora quelque peu les visites qu'il avait eut. Il préféra passer sous silence cette raison d'exil. En soit, c'était une sorte de honte... Avoir transgressé les règles pour assouvir sa curiosité. Mais il en avait probablement été ainsi depuis l'aube des temps pour chaque race. Sinon, comment aurait-il pu y avoir une évolution?

Et encore du blabla du mentor.. Mais cette fois, pas pour leur divinité. Enfin le petit forgeron allait pouvoir donner ses réponses.

"A dire vrai, je ne les ais vu que pour des raisons professionnelles. Essentiellement Hahli, qui cassait souvent sa crosse ou le bouclier de son coéquipier lors des entraînements. Ils disaient préférer venir me voir histoire d'avoir un minimum de contact avec moi. Etant donné note créateur commun, on se disait qu'il fallait qu'on se soutienne plus que les autres encore. J'avais des places dans les loges pour les matchs de ta petite bleue. Quand j'arrivais à y aller. J'avais souvent trop de boulot."

Kodan laissa planer un silence quelques instants, lui permettant de réfléchir avant de reprendre.

"La forge est mon raald Tahu. Chacun le sien. Je t'accompagne volontiers jusqu'au premier village que nous croiserons. Ensuite je verrai. Mais je doute qu'ils aient une quelconque foi qui naisse pour notre Stahdim Zii. Ils ne sont pas comme nous d'après ce que j'ai compris. Leur corps est fait de... Chair, si je me souviens bien. Pas de protodermis comme nous... Ils ne pourront donc pas se convertir. Pas facilement."

Le toa s'arrêta en regardant au loin. Il fit part à sa création qu'il y avait une sorte de fumée plus avant. Le Nakuita brun jeta à son tour un regard. La volute qui s'élevait dans le ciel était claire. C'était plutôt bon signe. Quand elle était foncée voire même noire, cela signifiait que certains objets, ou certains produits avaient été jetés dessus et que ce serait nocif pour la plupart des êtres de la surface. Il ne savait pas ce que cela pouvait donner pour la sienne.

"Tahu...  On dirait que c'est un petit feu. Il ne devrait pas y avoir plus de quelques personnes autour. Pour se réchauffer ou faire cuir leur nourriture. Je me demande quel goût à celle de la surface. Je n'ai pas vraiment pu goûter avec notre connaissance commune, Durak, le nain. Mais allons voir. Ca nous permettra d'en savoir un peu plus sur ses personnes."

Kodan commençait déjà à se diriger vers la fumée. Il était impatient de rencontrer ce qui était des étrangers à ses yeux. Il espérait  juste que ce ne soit pas un simple reste de feu et que ceux qui s'étaient arrêtés ne soient pas déjà partis vers d'autres chemins.

"Dépêche toi Tahu! On va enfin pouvoir vérifier les dires de notre ami nain. Et dans le pire des cas, Mata Nui te protégera et me conférera la force de me débarrasser de nos opposants."

Le Matoran souriait. Nullement effrayé par les possibles différents avec ces gens, il avançait aussi vite que lui permettait ses petites jambes. Il sentait également que mentor Toa serait présent pour le protéger. Donc il n'avait rien à craindre. Kodan se retourna pour voir où se trouvait son interlocuteur, et lui fit un signe de la main.

"Je regrette une chose de notre ville... Ne pas avoir emporté de monture... Ca m'aurait été utile pourtant..."